Alors que le commentaire composé, comme son nom
l’indique, cherche à travailler les aspects formels et expressifs et à les
articuler à la thématique d’un texte, la dissertation vise à s’extraire
davantage de la « matérialité » de l’extrait pour en faire ressortir
les thèmes principaux et les articuler entre eux selon une problématique.
Aussi la dissertation littéraire est le plus souvent
induite à partir d’une courte phrase et non d’un texte plus long. Elle permet
par là une réflexion un peu plus abstraite, — elle est l’outil suprême de la
réflexion philosophique — même si la construction du plan doit dans tous les
cas faire preuve de rigueur.
La dissertation est surtout une réflexion personnelle qui
doit mettre en œuvre des connaissances mais surtout des capacités d’analyse, de
hiérarchie, de problématique, et de synthèse. Il s’agit alors de confronter —
mettre front contre front — des idées pour en faire surgir du sens.
Cet exercice connaît trois moments :
- L’inventio, la recherche des idées et
arguments ;
- La dispositio, ou composition ;
- L’elocutio, ou le choix et
l’arrangement des mots.
Il va sans dire que de nos jours la dispositio est le centre de l’exercice ; il n’en a pas
toujours été ainsi. Le mouvement général est né du discours judiciaire, divisé
en ces parties :
- L’exorde (première partie d’un discours
rhétorique, introduction) ;
- Le corps lui-même divisé en narration, argumentation et
réfutation ;
- La péroraison (conclusion où l’on rappelle brièvement
l’essentiel).
Le corps de la dissertation cependant s’en éloigne pour
reprendre, souvent, une construction de type thèse-antithèse-synthèse. Mais
attention, elle doit
ne pas être un découpage,
un simple classement, mais traduire un mouvement profond de l’esprit, être en
quelque sorte l’équivalent rhétorique d’un processus logique, bref apparaître
comme une émanation de la vie même de l’esprit.
Chassang et Senninger, La dissertation littéraire générale.
Son plan a un caractère flexionnel : « le sujet
se décline par variations [pensez à la musique] autour d’un thème fixe. »
(Genette)
I. Le travail de
lecture
Il faut bien prendre connaissance des textes et de la
question, que l’on aura lus plusieurs fois avant de commencer l’analyse.
II. L’analyse au
brouillon
L’analyse de la question, dont on fera une problématique,
permet d’emblée d’éviter de dévier du sujet. Elle traitera le sujet :
- dans son ensemble, sans en omettre une partie ;
- jamais
au-delà de cet ensemble, en y intégrant des idées générales, toutes faites.
1. Il faudra tout d’abord définir les mots-clés, par exemple (en philosophie) :
Faites toujours attention au verbe employé (être,
pouvoir, vouloir, devoir, falloir, etc.), qui établit une relation entre les
grandes idées. On verra alors mieux les mots-clés, que nous définirons ;
par exemple :
Gardez à
l’esprit que ce que l’on vous demande possède un enjeu. Ne pensez pas encore à vos connaissances à exploiter,
mais maintenez-vous au niveau de l’abstraction.
2. Il faudra ensuite énoncer une problématique, qui consiste à reformuler la question pour en
extraire un problème à résoudre, montrer que vous avez compris tous ses enjeux.
Avant cela aidez-vous en rassemblant toutes les idées qui vous viennent à
l’esprit : c’est l’inventio. Par
exemple :
III. La construction du plan au brouillon
Le
plan doit permettre de répondre à la problématique. La démarche est beaucoup plus importante que les connaissances
mobilisées, qui doivent y répondre et non montrer que vous savez simplement
mémoriser quelque chose. La forme prime sur la matière, votre réflexion sur les
savoirs. Il faudra alors veiller à la cohérence
d’un tout hermétiquement cerné par des réponses organisées, et reliées par
des transitions.
Il
n’existe pas de plan type, puisque chaque problématique est originale.
Cependant l’on propose quelquefois des plans-réponses adaptables à la plupart
des questions, par exemple :
- Le
plan dialectique (thèse, antithèse,
synthèse) : on pèse les arguments pour — ou une opinion donnée — et contre
puis l’on résout l’opposition qui n’était qu’apparente, en l’expliquant. Mais
il faut faire attention à la synthèse, en évitant de concilier les deux idées
contraires sans les dépasser (ex. : lourd-léger-poids ;
homme-femme-enfant ; corps-esprit-cœur, etc.)
-
Le plan analytique (description,
commentaire) ;
-
Le plan thématique (la réflexion
doit surtout y être progressive, les idées étant regroupées).
-
Aller du plus au moins évident ;
Ces
plans cependant ne sont pas garants d’une bonne argumentation : ils sont
seulement le résultat de l’histoire. Exemple de plan didactique :
Dans
chaque partie (une idée principale), on fera des sous-parties (des idées secondaires)
et dans celles-ci des paragraphes où elles se déclineront appuyées par un
exemple.
IV. La rédaction
1.
L’introduction (au brouillon puis au propre)
S’il
est préférable de la rédiger au brouillon, elle suit toujours la même démarche.
Puisque introduire signifie amener au
sujet, l’on présentera soit une idée générale mais motivée par l’histoire
par exemple, soit une opinion communément admise.
Cela
fait on pose le sujet, en le citant ou,
s’il est trop long, en en citant l’essentiel.
On
énonce ensuite la problématique, en
insistant sur le conflit entre deux ou plusieurs idées.
Enfin,
annoncez le plan qui permettra de
répondre à la question.
L’introduction
ne formera qu’un seul paragraphe.
2.
Le corps de la dissertation (au propre)
A
l’aide de votre plan au brouillon rédigez le contenu de la manière qui
suit : dans chaque sous-partie un paragraphe sera une idée, annoncée dès
le début, développée et illustrée.
Entre
chaque grande partie il faudra faire une phrase de transition, qui explique où
l’on va en réitérant l’idée principale appliquée à ce qui suit dans la nouvelle
partie.
3.
La conclusion
Là
encore, elle est similaire à celle du commentaire composé, puisqu’elle fait le
bilan et ouvre vers une vision plus générale sans que de nouvelles idées ne
soient présentées — ce qui mettrait à mal la totalité de la réflexion.
A
retenir :
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